L’évolution des conditions environnementales dans la baie de Baffin et dans l’océan Arctique a désormais des conséquences dramatiques sur les processus biogéochimiques tels que les échanges de CO2 entre l’air et la mer. L’océan de surface joue un rôle important dans la réduction de l’effet de serre dans l’atmosphère, puisqu’on estime qu’il a absorbé environ un quart de toutes les émissions anthropiques de CO2 au cours de la dernière décennie. Bien que cet effet soit bénéfique pour l’atmosphère, il peut induire des changements dans la chimie des océans, contribuant ainsi à l’acidification des océans et à la solubilité des minéraux de carbonate de calcium (CaCO3). La surveillance de la biogéochimie des régions vulnérables à l’acidification des océans, telles que la baie de Baffin et l’océan Arctique, devient de plus en plus importante.
Cette étude présente des mesures récentes du système carbonaté marin à travers la baie de Baffin prises à bord du NGCC Amundsen en juillet et août 2019. Plus précisément, Tonya M. Burgers et son équipe ont mesuré les moteurs biogéochimiques de l’état de saturation de l’aragonite dans des échantillons d’eau provenant du CTD-Rosette à bord. Leur objectif était d’étudier la distribution de l’état de saturation de l’aragonite dans ces régions spécifiques et de comparer leurs mesures avec celles des recherches précédentes pour identifier les tendances temporelles.
Après de multiples manipulations et analyses, l’équipe scientifique a découvert deux processus principaux dépendant de la profondeur et contrôlant la distribution spatiale de l’état de saturation de l’aragonite dans la baie de Baffin. Dans une colonne d’eau, l’état de saturation de l’aragonite était plus faible en raison des fractions croissantes des eaux de sortie de l’Arctique pour les 200 m supérieurs et était diminué par la respiration de la matière organique en dessous de 200 m. La comparaison entre leurs mesures et celles des données historiques (1997 et 2004) a montré une baisse significative de l’état de saturation de l’aragonite dans les eaux arctiques sans un signal clair de l’acidification anthropique des océans. À la lumière de ces résultats, cette étude souligne la nécessité de poursuivre les recherches sur l’océanographie physique de la baie de Baffin afin d’améliorer notre compréhension de la circulation dans cette zone.