Auteure: Myrah Graham, Laison en recherche nordique chez Amundsen Science
Le Leg 5b de l’expédition Amundsen 2024 a accueilli des scientifiques de disciplines inhabituelles : dans le cadre d’une école d’été organisée par Sentinelle Nord et Wage partenariat circumpolaire, des chercheuses, chercheurs en sciences sociales et en sciences naturelles ont travaillé à bord du navire de recherche. Leur objectif ? Mieux comprendre les économies bleues émergentes en Arctique.
Une expérience d’apprentissage aux multiples facettes
Le 14 octobre 2024, un groupe composé de 8 mentors et de 18 étudiants et étudiantes internationaux de troisième cycle sont embarqué.e.s pour un séjour de recherche en mer afin d’explorer l’émergence d’une économie bleue innovante en Arctique. Sélectionné.e.s dans le cadre de l’école doctorale internationale de Sentinelle Nord et Wage Partenariat circumpolaire, ces étudiantes et étudiants ont quitté Montréal pour Kuujjuaq, s’aventurant au cœur de la baie d’Ungava. L’École était divisée en deux phases distinctes : une composante terrestre à Kuujjuaq et une composante maritime à bord de l’unique brise-glace de recherche canadien, le NGCC Amundsen. Cette double structure a permis aux participants et participantes d’acquérir une compréhension globale des défis et des opportunités auxquelles sont confrontées les communautés arctiques et leur a offert la possibilité d’interagir avec des experts et expertes renommés dans un large éventail de disciplines des sciences sociales et naturelles.

Kuujjuaq : Porte d’entrée vers la compréhension
Niché à l’intérieur des terres de la baie d’Ungava, Kuujjuaq est un village inuit relié à la mer par la rivière Koksoak. Entre le 15 et le 20 octobre, les participantes, participants, expertes et experts se sont entretenu.e.s avec diverses organisations détentrices de connaissances à Kuujjuaq, leur permettant d’en apprendre davantage sur les perspectives locales en matière de développement et de durabilité de l’Arctique. Ils et elles ont la Société Makivik, l’Administration régionale Kativik et le Centre de recherche du Nunavik. Les thèmes communs qui sont ressortis de ces réunions étaient le besoin de recherche et de réciprocité dans la région, ainsi que le respect des connaissances locales et des aliments traditionnels.
Ces interactions ont fourni des informations précieuses sur les réalités quotidiennes des Nunavimmiuts et sur les changements rapides qui affectent leur mode de vie. Alors qu’il s’agit d’une première rencontre avec les questions sociales du Nord pour certains scientifiques, ce fût une opportunité pour ces personnes de se familiariser aux défis des communautés de l’Arctique, comme la gestion de l’eau potable et des eaux usées. Ils ont exploré les impacts du changement climatique sur les infrastructures, une préoccupation urgente alors que le dégel du pergélisol et les changements météorologiques menacent les bâtiments et les routes existantes. Les défis liés aux infrastructures maritimes ont également été abordés, soulignant les difficultés à maintenir les ports et les voies de navigation dans le Nord. La sécurité et la souveraineté alimentaires sont apparues comme des sujets clés, les participants comprenant l’interaction complexe entre les pratiques traditionnelles de subsistance et les systèmes alimentaires modernes dans la région. En outre, les participantes et les participants de l’École ont été initié.e.s à diverses initiatives de surveillance et de recherche environnementales menées par le gouvernement de Makkivik et les membres de la communauté. Ces initiatives ont montré l’importance de la collecte de données scientifiques pour éclairer les décisions politiques et la planification communautaire dans cette région vivant de rapides changements.
À bord du NGCC Amundsen: rencontre entre la science et la société
Après 129 jours en mer, le NGCC Amundsen arrive le 20 octobre 2024, à Kuujjuaq pour une rotation scientifique. Les scientifiques à bord depuis le début du mois d’octobre sont débarqués pour faire place aux participantes et participants de l’École et aux mentors. Une fois à bord de l’Amundsen, les rôles se sont inversés : les spécialistes des sciences sociales sont sortis de leur zone de confort afin de participer à la collecte de données environnementales. Les étudiantes et étudiants ont concentré leurs recherches sur trois des principaux affluents de la baie d’Ungava, recueillant des données écologiques cruciales dans une région où les informations environnementales sont rares. Les chercheurs en sciences sociales et naturelles ont échantillonné du plancton, de l’eau de mer et des sédiments du fond marin. Cette initiative visait à soutenir la résilience des communautés dans la région, en collectant des données qui pourraient aider à préparer et à informer les communautés pour l’économie bleue émergente. La nature interdisciplinaire de l’école de terrain était évidente dans la diversité des activités et des discussions qui ont eu lieu à bord. Les étudiants ont exploré des sujets tels que l’observation des océans pour une économie bleue durable, la biodiversité et les services écosystémiques, ainsi que l’impact des énergies renouvelables sur les écosystèmes arctiques.
Rapprocher les disciplines et les cultures
L’école d’été de Sentinelle Nord et Wage Partenariat circumpolaire a illustré le pouvoir de la recherche et de l’éducation transdisciplinaire dans la résolution des problèmes urgents du Nord en changement constant. Tout au long de ces journées d’apprentissage, les étudiantes et étudiants ont examiné d’un œil critique l’économie bleue et son impact sur les communautés nordiques. Les spécialistes des sciences sociales ont appris à connaître les écosystèmes arctiques grâce aux spécialistes des sciences naturelles, tandis que ces derniers ont pu se faire une idée des dimensions socio-économiques de leurs recherches. Cet échange a permis d’approfondir la compréhension des liens entre le développement économique, la conservation de l’environnement et l’équité sociale dans l’Arctique.
À la fin de l’expédition, les étudiantes et étudiants ont pu non seulement recueillir des données précieuses, mais aussi développer une vision nuancée des complexités de la vie dans un Arctique en constante évolution. Leurs expériences à Kuujjuaq et à bord de l’Amundsen leur ont permis d’élargir leurs perspectives et les ont préparés à devenir les futurs leaders de la recherche et de la politique arctique. En intégrant diverses disciplines scientifiques aux connaissances locales, des initiatives comme celle-ci favorisent des solutions innovantes en matière de développement durable dans un contexte de changements environnementaux et sociaux rapides.
