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Processus et produits des courants de turbidité et des glissements de terrain sous-marins dans un fjord glaciaire

Les rivières et les glaciers peuvent transporter de grandes quantités de sédiments dans l’océan, en particulier dans les fjords de l’Arctique. Ces sédiments peuvent se déplacer sous l’eau et créer de puissants mouvements appelés courants de turbidité – comme des avalanches sous-marines. Ces courants de turbidité sont considérés comme des dangers puisqu’ils sont susceptibles d’endommager des infrastructures

Pour mieux comprendre les risques liés aux courants de turbidité, Alexandre Normandeau et ses collègues ont mené une étude détaillée du fjord Southwind sur l’île de Baffin. Ce fjord est situé sur la côte est de l’île de Baffin et est activement influencé par les glaciers environnants. Le manque de données dans cette région éloignée fait en sorte que les risques géologiques sont encore mal compris.

L’équipe de recherche a utilisé des techniques de cartographie et des capteurs sous-marins pour suivre les changements du fond marin au fil du temps. Ils ont été capable de mesurer plusieurs évènements de forts courants de turbidité, caractérisés par des vitesses allant jusqu’à 1,75 mètre par seconde. Ils ont constaté que les courants peuvent remodeler les fonds marins en créant une série de crêtes sous-marines, connues sous le nom de marches cycliques, et transporter du sable loin de l’embouchure de la rivière. La majeure partie du sable transporté par ces courants reste au fond du fjord, concentrée dans le chenal profond et le bassin, alors que les particules plus fines comme l’argile et le limon se répandent sur les parois abruptes du fjord.

L’étude montre également que ces événements sont souvent saisonniers et se produisent principalement en été, lorsque la fonte des glaciers augmente l’apport de sédiments dans le fjord. Au fil du temps, la cartographie répétée des fonds marins et l’analyse des carottes de sédiments ont confirmé que les icebergs et les coulées de débris terrestres avaient provoqué des ruptures de pente, petites mais significatives.

Cette étude permet aux scientifiques de comprendre les risques naturels qui se cachent sous la surface des fjords de l’Arctique. Elle montre que les glissements de terrain peuvent se produire sans élément déclencheur spectaculaire et que la compréhension de la structure des sédiments est essentielle pour prédire les potentiels lieux de rupture. Ces connaissances sont précieuses non seulement pour la protection des infrastructures, mais aussi pour l’interprétation de l’histoire géologique à long terme d’environnements similaires.

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