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Forte sous-saturation en pCO2 dans une mer arctique : Une décennie de variabilité spatiale et temporelle dans la baie de Baffin

L’Arctique canadien, de plus en plus libre de glace en raison de la fonte de la glace de mer pluriannuelle, présente une forte absorption de pCO2 dans les régions où les saisons d’eau libre sont prolongées. La réduction de la glace de mer favorise les échanges de CO2 entre l’air et la mer en exposant une plus grande surface, bien que son impact global sur l’absorption du carbone soit débattu. La perte de glace accélère également le réchauffement par le biais de la rétroaction glace-albédo, ce qui intensifie encore la fonte de la glace de mer.

La baie de Baffin suit un cycle saisonnier de glace de mer, avec une couverture de glace presque complète à la fin de l’hiver et des eaux principalement libres en septembre. Bien que les recherches sur le pCO2 de l’eau de surface dans la baie de Baffin aient été limitées, les études suggèrent qu’elle agit comme un puits modéré à fort pour le CO2 atmosphérique. Cependant, la variabilité de la pCO2 dans la baie et sa dynamique saisonnière sont encore mal comprises. Cette étude vise à offrir une analyse spatiale et temporelle détaillée de la pCO2 dans la baie de Baffin, en se concentrant sur les facteurs biogéochimiques et physiques qui l’influencent, ce qui est essentiel pour prédire comment le réchauffement de l’Arctique pourrait affecter l’absorption du CO2.

En utilisant un ensemble de données sur 11 ans (2011-2021), l’étude examine le pCO2 de l’océan de surface dans la baie de Baffin pendant la saison des eaux libres (juin-octobre) afin d’établir une compréhension de base de la dynamique du carbone de l’eau de mer. Pendant cette période, le pCO2 de l’océan de surface est généralement sous-saturé par rapport au CO2 atmosphérique, ce qui fait de la baie de Baffin un puits de CO2 potentiellement plus important que d’autres régions de l’Arctique occidental. Les niveaux de pCO2 sont les plus bas en juin, augmentent en juillet, août et septembre, et se stabilisent en octobre. La variabilité du pCO2 est spécifique à la région, contrôlée par l’hydrographie locale et le moment du retrait de la glace de mer. Si la température de la surface de la mer est un facteur dominant, des facteurs non thermiques tels que l’activité biologique, la glace de mer et la circulation influencent également le pCO2. Dans le courant de l’île de Baffin, le pCO2 est largement déterminé par le cycle saisonnier de la glace de mer, qui atteint son maximum au début du printemps lorsque la couverture de glace est importante. L’eau douce provenant de la fonte des glaces abaisse le pCO2, ce qui indique que la dilution de l’eau de fonte est un facteur crucial. En revanche, le pCO2 dans le courant du Groenland occidental, plus libre de glace, est plus faible et principalement contrôlé par la température. Étant donné la grande variabilité spatiale et temporelle de la pCO2, les études futures viseront à quantifier les différences régionales dans les flux de CO2 air-mer dans l’ensemble de la baie de Baffin.

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